Axes de recherche
Axe 1. L’étude des pratiques de santé
Cet axe analyse les ‘comportements de santé’ plutôt comme des ‘pratiques sociales’ qui sont contextualisées, genrées et ancrées dans le corps. Ma recherche s'appuie - entre autres - sur la théorie des pratiques sociales (Reckwitz, 2002 ; Blue et al., 2016). Elle vise à comprendre le sens que les individus attribuent à leurs pratiques de santé dans des contextes spécifiques, en tenant compte des environnements sociaux, matériels et/ou ‘naturels’ spécifiques. Par exemple, un projet de recherche issu de cet axe porte sur la santé des danseur.euses de ballet professionnel.le.s. Cette étude qualitative souligne le rapport complexe entre pratiques quotidiennes, corps, santé vécue et normes institutionnelles, culturelles et sociales (del Río Carral, Gemignani, & LaMarre, 2023). D'autres projets explorent la santé en incluant la dimension ‘écologique’ comme par exemple, l’ouvrage co-édité avec Nicolas Senn, Marie Gaille et Julia Gonzalez Holguera, sur les liens entre environnements, santé et pratique clinique publié par Médecine et Hygiène. Mon expertise a également contribué à un projet qualitatif sur les liens entre pratiques alimentaires et durabilité chez les jeunes en collaboration avec la Ville de Lausanne (PI Grégoire Zimmermann). Mon intérêt pour l'étude des environnements et des matérialités en relation avec la santé se poursuivra à travers de nouveaux projets, compte tenu de l'importance sociale des questions soulevées par cette approche.
Blue, S., Shove, E., Carmona, C., & Kelly, M. P. (2016). Theories of practice and public health: understanding (un) healthy practices. Critical public health, 26(1), 36-50.
del Río Carral, M., LaMarre, A., & Gemignani, M. (2023). “My job is to keep my body healthy”: biopedagogies, beauty and institutional greed in professional ballet. Psychology & Health, 1-18.
Reckwitz, A. (2002). Toward a theory of social practices: A development in culturalist theorizing. European journal of social theory, 5(2), 243-263.
Axe 2. Digitalisation de la santé.
Cet axe se concentre sur l'étude qualitative des liens entre les technologies de l'information et de la communication (TIC), la santé, le corps et les identités. Divers projets contribuent à cette ligne de recherche, notamment le projet Healthvlogging financé par le programme Spark du FNS (co-requérant, Pr. Daniel Gatica-Pérez, EPFL). Ce projet a exploré a les pratiques de santé mises en scène par des Lifestyle YouTubers professionnelles. L'équipe pluridisciplinaire, comprenant des collaboratrices en psychologie de la santé (Lucia Volpato et Chloé Michoud), a étudié comment les contenus visuels et narratifs publiés par ces YouTubers contribuent à créer de nouveaux récits sur la santé et le bien-être au sein d'une culture médiatique sans précédent. Les résultats suggèrent que les YouTubers transmettent des conceptions individualistes de la santé et du bien-être, soulignant des impératifs moraux d'amélioration constante de soi. Ils encouragent les individus à un travail identitaire et corporel constant, présentant le changement de comportement vers une vie saine comme un 'choix' individuel lié à des valeurs morales ('devenir une bonne personne'). L'approche de la santé véhiculée accentue le rôle de la dimension psychologique dans le changement, minimisant les dimensions structurelle et sociétale de la santé et du bien-être.
La suite de Healthvlogging a été marquée par l'obtention d'un fonds de recherche FNS, en cours, intitulé "Navigating through a postfeminist social media culture: Young females’ experiences of health and wellbeing - MeStories". Ce nouveau projet vise à analyser comment la culture des réseaux sociaux contribue à construire des identités, des corps et des pratiques de santé chez de jeunes femmes, en explorant des discours socioculturels tels que le postféminisme. Dans ce projet, travaillent la chercheuse FNS junior et doctorante MSc. Eileen Rabel et les chercheuses FNS senior PhD. Dulce Ferraz et PhD. Nilima Chowdhury, avec l’appui d’Amandine Franzoni.
Axe 3. Innovation méthodologique et adaptation des approches qualitatives
Ma troisième ligne de recherche – étroitement liée aux deux autres – porte sur une réflexion approfondie des questions épistémologiques, ontologiques et méthodologiques liées à la recherche qualitative en psychologie. Cet intérêt est lié à la nécessité à s’adapter constamment à des objets d’études complexes et aux défis de société actuels, notamment pour étudier des populations fragilisées par des défis sociétaux contemporains. Ainsi, adaptabilité, flexibilité et créativité guident ma manière de faire de la recherche qualitative de qualité. Cette ligne de recherche m'a motivée à co-fonder EQuiP (European society for Qualitative Researchers In Psychology) avec un consortium international de chercheur/euses. De même, j’ai eu le plaisir de devenir première présidente de cette société. Par ailleurs, je collabore régulièrement dans divers projets nationaux et internationaux en tant que partenaire scientifique et/ou co-requérante grâce à cette expertise méthodologique.